KARCHER
J’ai croisé un copain hier au bar
qui m’a dit qu’il fallait pas que je fasse ma feignasse. Si j’avais envie
d’écrire, je devais m’y mettre pour de bon. Ecris tous les jours qu’il a dit. Même si t’as rien à dire. Tu passes le karcher demain. Ecris là-dessus.
Je me suis décidée. Je vais passer le karcher sur ma terrasse. Il est temps. Il est grand temps. J’ai tout prévu. Ce week-end il fait beau. J’ai pas les gosses. J’ai un truc de prévu samedi soir mais sinon je suis free. J’ai du temps. Ça me fera du bien d’être dehors. Je me suis préparée psychologiquement.
Déjà j’ai trouvé un karcher !
étape 1. Merci les copains.
Ensuite je suis allée le chercher.
Etape 2. check !
Explication du fonctionnement de
l’engin. Étape 3 : gnnnn …
Je sens qu’il y a trop d’étapes
mais ça va le faire.
Le plan : Je repars avec le
karcher dans le coffre. Je passe rapido m’envoyer en l’air avec ce mec qui me
plaît bien. Eventuellement je prends une bière avec ma cop’s ensuite. Je rentre
tôt. Demain matin, avant qu’il ne fasse trop chaud, je passe le karcher.
Bon comme toute chose, rien ne se
passe jamais comme prévu !
Déjà ce mec, « il habite au 9ème ça fait 2 étages plus haut que le 7ème ciel ». Tiens, une p’tite chanson de Mano qui flotte… c’est laquelle déjà ?
Bref, là je dois les monter à pied
les 9 étages. C’est pas comme s’il faisait moins de 30° aujourd’hui.
« Quand je descendrai d’ici plus rien ne sera jamais pareil ».
Non faut pas pousser Mano. A part le fait que j’aurais probablement mal aux
cuisses demain… Il veut pas plus que le 7ème ciel avec moi.
Finalement je reste un peu tard,
c’était une bonne soirée. Et quand je repars, il est déjà 22h. je pose ma
caisse chez moi et je pars à pied rejoindre ma copine. Oui. J’ai déjà bu 2
bières. Je suis de super bonne humeur. Demain j’ai touuuuuute la journée pour
nettoyer ma terrasse. Je suis large. Y a moyen de se faire une petite soirée
sympa et une grasse mat’ demain.
L’heure de la ferm’ arrive. Je sais pas comment je me suis retrouvée à ne payer qu’un seul verre encore… mais faut qu’on se décide. « La nuit sonne ses derniers coups, J'irai jusqu'au bout… »
On va où après ? je checke mon
portable. Tiens j’ai un message. Si j’ai envie d’un câlin je peux passer chez
un copain. Je sais pas si j’ai envie d’un câlin. Peut-être. Peut-être pas. Et
je sais pas si j’ai envie de ce mec. Peut-être. Peut-être pas. Mais en tout cas !
J’ai pas envie de me coucher tout de suite !!!! Et puis il habite à côté,
ça se tente. Je lui réponds : « on peut passer à 4 ». Putain je
réalise. J’espère qu’il pense pas que je lui propose une partouze.
On retrouve ce copain chez son voisin. Je suis toujours hyper confiante pour passer le karcher demain matin.
C’est cool. On chante du
Mano ! ça faisait longtemps ! (Enfin pas dans ta tête ma mignonne)
Rituel oblige : j’ai laissé un message à mon frangin. Quand on chante du Mano
en soirée, on s’appelle. C’est pas négociable. Je l’ai pas appelé en direct. J’ai
laissé un vocal. C’est pas que je me suis rappelé qu’il venait de commencer une
formation, qu’il a 2 bébés et qu’il a le covid. Non. Je capte pas. A 2h ½, j’ai
plus de patrie.
Finalement je finis chez ce copain. J’aurais pu m’abstenir. La bête était nourrie et satisfaite. J’avais un chat qui ronronnait dans le ventre déjà. Ce mec qui me plaît bien fait très bien le job. Mais bon, je suis curieuse. Et puis, je me rappelle plus bien. C’était comment déjà la nuit passée avec ce copain il y a quelques temps ? J’ai vraiment une mémoire de poisson.
En même temps, si tu t’en rappelles
pas tant ma fille… y a des indices… mais à cette heure je n’ai aucun esprit de
déduction !
Je suis toujours confiante dans
l’idée de nettoyer ma terrasse demain. Enfin tout à l’heure…
Bon. ça me va pas. Non non non. Ça ne me va pas. On est pas sur le même trip. Et puis, en plus, je repense à ce mec qui me plaît bien, furtivement. Rrrr… mais casse-toi de ma tête ! qu’est-ce que tu fous là maintenant ?
Je la rappelle. Du coup je pars pas
tout de suite sinon je capte plus…
Et ouais ça pue grave !
Toi, ma belle, tu sors de là immédiatement et tu te
retournes pas ! Casse-toi ! Casse-toi ! Casse-toi !
J’enrage. D’habiter trop loin de
chez elle. D’être saoule. De pas pouvoir prendre ma caisse pour aller la
chercher moi-même.
Elle me fait promettre de ne rien dire. Ok. A condition que tu te barres. Je la menace. Carrément. « Je te rappelle dans une 1/2h. Si tu t’es pas barrée, j’appelle notre frère ! » Rien à foutre. Et lui, il viendra la chercher fissa. Avec une pelle s’il le faut.
Ce que je ferais aussi. Si je le
pouvais. Mais on est bien d’accord, je suis moins impressionnante qu’un
rugbyman. A la rigueur, un chat un peu véner… mais je m’en fous, c’est
l’intention qui compte. Faut se méfier des chats véners… faut pas qu’on touche
à mon frère et ma sœur.
Bon tout ça me prend un certain temps. J’attends chez ce copain avant de la rappeler. Il tente 2, 3 mots pour m’apaiser. « Calme-toi ». Très efficace. Ça a toujours aidé ce genre de remarque. Il me dit que je suis pas calme. Non, là tout de suite, je suis pas calme. Il tente un câlin. Non mais là, j’ai pas envie. Clairement.
Je repars de chez lui avec ma sœur au bout du fil. Elle est partie.
Bon c’est bien. Je peux souffler.
Elle est arrivée chez elle.
Moi aussi.
Je peux dormir.
Il est 6h.
Demain, programme : karcher… et
gueule de bois.
Il est midi passé. J’ai checké ma sœur. Je suis allée chercher le karcher dans le coffre. J’ai monté tous les tuyaux et bitoniaux, j’ai retrouvé mon tuyau d’arrosage. Tous les embouts nécessaires. Il fait 35°. Tout est monté comme il faut. J’ai chaud, j’ai mal au crâne, je suis barbouillée. J’ai faim. J’ai soif…
Mon robinet fuit.
Ça marche pas.
J’ai croisé un copain hier au bar qui m’a dit qu’il fallait pas que je fasse ma feignasse. Si j’avais envie d’écrire, je devais m’y mettre pour de bon. Ecris tous les jours qu’il a dit. Même si t’as rien à dire. Tu passes le karcher demain. Ecris là-dessus.
Du coup voilà, finalement, j’écris. Bravo. C’est pas comme ça qu’elle va se nettoyer ma terrasse.
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